Le rachat des dettes d’entreprises opéré par la Banque Centrale Européenne va profiter presque exclusivement aux grands groupes et n’aura aucun effet sur les PME et TPE qui peinent toujours à trouver des financements.
Après les dettes d’Etat, la Banque Centrale Européenne va enrichir son portefeuille avec des dettes d’entreprises que les grands groupes jettent sur les marchés financiers sous la forme d’obligations. Cette opération de masse, d’un volume estimé à 80 milliards d’euros jusqu’en 2017, visent à augmenter la capacité monétaire de l’institution de Francfort afin de relancer le crédit et l’inflation dans l’ensemble du circuit économique de l’UE, dont la France, menacée comme ses partenaires par le spectre d’une baisse durable des prix.
En desserrant toujours davantage les rouages de la planche à billets, la BCE compte faire baisse les taux d’emprunt et permettre ainsi aux entreprises de se refinancer à moindre coût. Elle vise aussi à provoquer une dépréciation de l’euro face au dollar dans l’espoir qu’elle profite aux exportations européennes.
Cette politique de relance monétaire, Mario Draghi l’a engagée depuis 2015, avec très peu de résultats positifs la fois sur le crédit, encore rare- surtout pour les petites entreprises – et sur la courbe des prix qui flirte toujours avec la zone rouge. Ce que redoute la BCE par-dessus-tout, c’est l’entrée dans une phase durable de déflation semblable à celle qu’avait traversé le Japon dans les années 1990. Pour éviter une catastrophe, la banque centrale a imprimé son tempo en abaissant son taux directeur à 0%, ce qui revient à ouvrir en grand les vannes d’une lance à incendie.
Le rachat de ces titres privés ou publics profitera surtout aux grands groupes, notamment dans les grands secteurs stratégiques de l’automobile, de l’aéronautique ou encore de l’agroalimentaire. Leurs sous-traitants, des PME et TPE pour la plupart qui n’ont que rarement accès au marché obligataire, vont à peine ressentir les effets positifs de l’aubaine. A plus long terme toutefois, la BCE espère que la baisse du rendement des titres des grandes entreprises incite les banques à trouver d’autres placements plus risqués et mieux rémunérés auprès des petites structures.