L’ancien commissaire européen Pascal Lamy, un temps pressenti pour devenir ministre de Manuel Valls, propose de mettre en place un système proche des contrats d’insertion professionnelle (CIP) qu’Edouard Balladur avait tenté de mettre en place, sans succès, en 1993. Il faut dire que ce dispositif prévoyait des rémunérations à 80% du SMIC.
Pascal Lamy est un socialiste, proche de François Hollande. Plusieurs rumeurs le donnaient récemment comme un potentiel remplaçant de Pierre Moscovici à Bercy. Sa carte de visite semblait effectivement correspondre au « job » : Lamy fut entre 1999 et 2004 commissaire européen chargé du Commerce à Bruxelles, puis il avait pris les commandes de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) entre 2005 et 2013.
Le SMIC est-il un frein à l’emploi ?
Finalement, l’option Lamy n’a pas été retenue (au profit d’un ticket Sapin-Montebourg), ce qui n’a pas empêché l’intéressé de donner son avis éclairé sur les réformes à apporter, selon lui, au marché du travail pour permettre à l’emploi de redémarrer.
De ce point de vue, il n’y est pas allé de main morte, allant jusqu’à remettre sur la table une recette qui avait explosé à la figure des anciens premiers ministres (de droite) Edouard Balladur (1993-1995) et Dominique de Villepin (2005-2007). Sur les ondes de France Info, Pascal Lamy a remis au goût du jour la piste de « mini jobs » payés en- dessous du SMIC actuel, prétextant qu’un « petit boulot, c’est mieux que rien du tout ». Un dispositif à mettre en œuvre, selon lui, en temps de crise, quand le chômage est très haut, comme aujourd’hui.
Rappelons que l’idée du contrat d’insertion professionnelle (CIP) était née en 1993 d’un rapport rédigé par Jean Mattéoli dont un des constats établissaient que le « SMIC est une barrière à l’emploi des actifs peu qualifiés ». Le CIP prévoyait des rémunérations à 80% du salaire minimum légal, mesure qui avait mis le feu aux poudres et fait descendre centaines de milliers de manifestants dans la rue, au point que Balladur avait dû retirer les décrets d’application de sa réforme.
Pour Pascal Lamy, « ce n’est parce qu’une réforme n’a pas marché ou parce qu’on a reculé devant la pression de l’opinion que c’est une mauvaise idée ». Pas sûr néanmoins que le gouvernement de Manuel Valls se risque sur ce terrain miné.